Institut Béarnais et Gascon

Catégorie : Actualités et communiqués

  • YANTIN DOU CHAPELOT

    Article de presse de la République des Pyrénées

  • GASCON ET OCCITAN

    Gascon et Occitan

    Le gascon et l’« occitan » par Jean Lafitte

    Ceux qui s’intéressent encore à la vieille langue autochtone de la Gascogne et du Béarn ont souvent du mal à se faire une idée dans le débat entre ceux qui n’y voient qu’une variante régionale d’une langue appelée « occitan » et qui aurait été celle de tout le Midi de la France et ceux qui la considèrent comme une langue à part entière, connue comme « gascon » depuis 700 ans.

    Un bref retour en arrière va permettre de comprendre comment on en est arrivé là…

    Pour lire l’article (au format pdf) cliquer sur le titre en bleu en haut ou copier-coller le lien en rouge;

    https://www.institut-bearnaisgascon.com/wp-content/uploads/2017/06/Gascon-et-Occitan.pdf

     

     

  • Confédération de l’identité béarnaise

    Confédération des associations culturelles de défense de l’identité béarnaise

    Drapeau du Béarn

    Nous publions la Charte de la Confédération en cours de construction et nous appelons les associations à nous rejoindre:

    PRÉAMBULE

    Le but de la confédération est de coordonner l’action de l’ensemble des associations culturelles, historiques et linguistiques qui défendent l’identité et la culture du Béarn et de la Gascogne.

    Ses 3 objectifs principaux sont :

    • Obtenir des pouvoirs publics et des médias la reconnaissance de leur existence et de leurs actions.

    • Obtenir un traitement équivalent à celui réservé aux associations liées au mouvement occitan  et à ses menées hégémoniques.

    • Obtenir de la part de l’État français et de l’Europe, l’inscription du gascon et de sa composante béarnaise sur la liste des langues minoritaires à sauvegarder.

    Nous demandons aux collectivités publiques, communes, communautés de communes, départements, région :

    1. Un traitement équitable des associations culturelles, historiques et linguistiques qui défendent l’identité et les cultures du Béarn et de la Gascogne pour l’attribution de subventions.

    2. Respecter l’identité gasconne et béarnaise en conservant dans les manifestations publiques ses symboles historiques (drapeaux et blasons).

    3. Ne plus assujettir l’attribution de subventions publiques à l’utilisation de « l’occitan ».

    4. Assujettir l’attribution des subventions publiques au respect de quelques règles de déontologie :

      1. Les livres ou textes anciens, qu’ils soient rédigés en béarnais ou dans l’une des autres langues du sud de la France seront mis à la disposition du public dans leur version originale lorsque cela est possible.

      2. En cas de traduction de livres ou de textes anciens, mentionner : « traduit du….. ». S’ils sont connus, les renseignements suivants seront ajoutés : la date de l’édition originale, le nom de l’auteur ainsi que ses dates de naissance et de décès.

      3. Que toutes les indications relevant de la toponymie mentionnées sur les documents, écrits dans la langue traditionnelle du territoire, soient maintenues dans leur graphie originale.

    5. Soutenir toutes les démarches qui visent à faire inscrire de manière formelle sur la liste européenne en cours d’établissement, le gascon et sa composante béarnaise comme langues minoritaires à sauvegarder avec le provençal et les autres langues du sud de la France.

    Associations membre de la confédération en cours de construction:

    Biarn Toustém, C.H.AR. (Cercle Historique de l’Arribère), IBG (Institut Béarnais & Gascon), HMO (Histoire et mémoire d’Ossau), Parla Béroy à Nay , Les Amis du Musée d’Arudy, Gan Mémoire et Patrimoine, Les Jeux Béarnais, …..

     

     

     

  • AMASSADE YENERAU 2017

    Amassade Yenerau (Haut de Bosdarros- La Chapelotte)

    Le Bureau
    Les sociétaires

    L’Assemblée Générale 2017

    L’Institut Béarnais et Gascon a tenu samedi 29 avril son assemblée générale 2017 à la salle polyvalente de Haut de Bosdarros où la centaine d’adhérents ont été accueillis par le maire et conseiller départemental Jean Arriubergé soutien actif de l’IBG.

    Le secrétaire Bernard Coustalat a retracé l’activité de l’Institut durant l’année 2016. On peut retenir parmi les points principaux l’édition de nouveaux ouvrages, certains écrits par les élèves des cours de béarnais, l’avancée des travaux sur le dictionnaire français béarnais-gascon, la parution de la Lettre trimestrielle, la présence à des salons du livre, le dictionnaire informatique des rimes en béarnais de Léopold Sayous.  Un élément important, la présence d’une délégation au rassemblement annuel du Collectif Provence de Maussane les Alpilles (Bouches du Rhône) où a été réaffirmée  l’importance de l’AELR (alliance européenne des langues régionales) où figurent à côté des nôtres, celles appartenant à l’Italie (Naples) et l’Espagne (Valence). Concernant la presse c’est désormais la chronique hebdomadaire du jeudi “Oéy en Biarn” qui continue à paraitre sur La République et a remplacé sur L’Eclair la page “Pays”. Un changement qui a valu des protestations auprès de la direction de Pyrénées Presse. L’Institut a adhéré à la Sociéte des Sciences Lettres et Arts de Pau et créé un nouveau site: institut-bearnaisgascon.com.

    Le rapport financier établi par Marc Arette et vérifié par le commissaire aux comptes a présenté un solde positif avec mention en recettes de la subvention du conseil départemental rétablie à 20 000 euros. De son côté la Région Nouvelle Aquitaine continue de refuser toute subvention.

    Maurice Triep-Capdeville est particulièrement revenu sur ce dernier point, évoquant la rencontre qu’il a eue avec Charline Claveau-Abbadie, conseillère régionale en charge des langues régionales, laquelle a reconnu son ignorance en la matière mais refusé toute documentation sous prétexte qu’elle n’était pas “influençable” (sic). Il a dit l’importance revêtue par le travail éditorial de l’Institut qui estime que les oeuvres écrites aident à pérenniser la langue. Il a mis l’accent sur le regroupement nécessaire des associations de défense du béarnais et du gascon pour mieux se faire entendre des élus, qu’ils soient hostiles, indifférents ou soutiens de son action. Les prochaines élections législatives seront l’occasion de les sensibiliser à cette question.

    Mis aux voix, ces trois rapports ont été votés à l’unanimité.

    Jean-Marie Puyau est revenu sur la rencontre de Maussane les Alpilles, détaillant la place de chaque langue adhérente à l’AELR dans la variété linguistique et représentée en France par le béarnais, le gascon, le limousin, l’auvergnat, le languedocien, le cévenol, le provençal et le niçois, plus le napolitain et le valencien.

    Jean-Pierre Brèthes a présenté la nouvelle édition des souvenirs de guerre d’Edouard Moulia d’Orthez, “Lou matricule 1628” , souvenir d’ancien combattant de la Grande Guerre qu’il a traduit en français.

    MOTION: SORTIR DE LA CONFUSION

    “Réuni en assemblée générale le 29 avril 2017, l’Institut Béarnais et Gascon réaffirme son attachement à la langue qui fait l’identité historique du pays de Béarn.

    L’enquête socio-linguistique organisée en 2008 par le Conseil Régional d’Aquitaine a démontré l’attachement des Béarnais à cette langue prioritairement à toute autre. On dénombrait en Région Aquitaine 44,3% de réponses plaçant en tête le béarnais, le patois et le gascon contre 18,3% pour l’occitan. Notre langue ne saurait donc être assimilée à un ensemble couvrant indistinctement le sud de la France. Le Béarn, la Gascogne, le Languedoc, le Limousin, les Cévennes et la Provence sont les composantes proches mais distinctes de cet ensemble. Chacune possède une graphie et un parler différents, lesquels font leur spécificité.

    L’Institut Béarnais et Gascon salue le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur qui vient de reconnaitre officiellement le provençal ,le nissard (niçois) et le gavot (provençal alpin) comme seules langues régionales à l’exception de toute autre.Cette décision représente une importante avancée dans un processus qui doit gagner d’autres régions dont la nôtre.

    L’Institut Béarnais et Gascon demande en conséquence qu’il soit fait de même en Région Nouvelle Aquitaine afin que soient officiellement reconnus et débarrassés de tout autre apport le béarnais et le gascon, langues romanes autonomes  et possédant un patrimoine oral et écrit propre.

    Toutes les valeurs culturelles du Béarn et de Gascogne littéraires, gastronomiques, territoriales,  musicales, chorégraphiques et touristiques participent à l’identité de notre région dont le béarnais et le gascon sont le support.”

    Cette motion est signée par l’Institut Béarnais et Gascon, Jean Arriubergé conseiller départemental, Biarn Toustém Oloron, Gan et Navarrenx, Gan Mémoire et Patrimoine, Histoire Mémoire d’Ossau, Parla Beroy à Nay, Les Jeux Béarnais, Les Amis du Musée d’Arudy, La Daube Béarnaise, Le Cercle Historique de l’Arribère à Navarrenx, Patrimoine en Ribère-Ousse Pontacq.

  • BAYOUNE, BILE GASCOUNE

    Une contribution très intéressante de Guilhem Pépin sur le site gasconha.com sur l’histoire gasconne de Bayonne.

    Le fichier en format pdf est consultable en cliquant sur le lien ci-dessous:

    bayonne_une_ville_gasconne

    « Le cas de Bayonne est très particulier. En effet, de nos jours, Bayonne passe pour la « capitale » du Pays Basque « français » ou Pays Basque « nord » parce qu’elle est réputée comme étant la capitale de la province historique du Labourd. Or, ce « statut » attribué à Bayonne est assez récent et minore, voire même plus souvent ignore le fait que Bayonne a été une ville gasconne pendant de très nombreux siècles » (extrait de l’article).

     

     

  • Les coques de Catherine

    Les coques de la Catherine.

    Traduction en français du texte en béarnais (Lettre 50 de Mars 2017 pages 2,3,4)

    La Catherine du Brespè avait comme on dit « fait quelque peu la vie ». Elle avait été trouvée dans un berceau d’osier, sous le porche de l’église. Pas tombée du ciel sûrement mais sortie d’une bonne maison comme les dentelles dans lesquelles elle était langée le laissaient deviner. Recueillie par l’Assistance publique, elle fut adoptée par un couple qui n’avait pas d’enfant. La mère cousait pour le château de la Hitte et la Catherine était toujours habillée comme une petite demoiselle. Jolie et délurée, elle attirait les soupirants comme l’éclair attire l’orage.

    Quand elle eut vingt ans, elle plut au Monsieur du château. Il la prit à son service pour tenir compagnie à sa femme qui s’ennuyait. Elle fut chargée de s’occuper des chambres. Les mauvaises langues, et dieu sait s’il y en avait, dirent aussitôt qu’il l’avait embauchée pour lui tenir compagnie à lui. Certains faisaient courir le bruit – s’il n’y a pas quelque rivière qui déborde, quelque coup de fusil ou quelque tremblement de terre à débattre, qu’il y en a des bruits qui courent ! – le bruit courait donc que la Catherine, plus que sûr, était la fille naturelle du Monsieur. Demoiselle comme elle l’était, elle devait sortir de la haute. Alors, « femme de chambre ou fille naturelle », à vous de choisir.

    La châtelaine mourut peu de temps après, le châtelain quinze ans plus tard.

    La Catherine ne fit pas bon ménage avec les héritiers. Elle avait économisé quelques sous dont elle se servit pour agencer gentiment la maison que le père et la mère adoptifs lui avaient laissée, avec un jardin, un poulailler, un pigeonnier, un bout de grange pour la chèvre. On disait aussi que, des moyens, le Monsieur lui en avait laissé, en cachette de la famille des La Hitte ; on parlait même d’une fortune. Mais de fortunes, on n’en vit pas luire l’apparence.

    « Qu’est-ce que tu vas faire à présent ? » lui demanda – non sans arrière-pensées – le maquignon de Mauhourat. C’était un de ces cuisiniers qui mangent à tous les plats dans les petites maisons comme dans les grandes. « Au château, tu as appris à vivre : bonne de curés ou de notaires, ça le ferait, mais tu ne vas pas t’en aller travailler à la journée chez quelque gros paysan pour gagner trois fois rien ? La Marilys faisait des coques et des crêpes à la sortie du marché ; elle l’a laissé, ça manque. » (La Marilys, quand elle était jeune, proposait aussi d’autres services mais il pensait que cela se ferait naturellement.) « Je me charge de te trouver une tablée de gourmands et ils te tiendront compagnie ces gens-là, je te le dis ! »

    La maison de la Catherine s’appelait « Lou Brespè(1) » ça tombait bien ! L’idée lui plut. Aussitôt gourmands et fêtards, petits messieurs de la ville, cravatés, le chapeau plus haut que la tête, maquignons enflés de la blouse, se mirent à tourner autour du Brespè comme des frelons autour d’une poire mûre. « Je ne sais pas comment va s’en sortir la guêpe !(1) » disaient les voisins. « Bah ! Ce nom vient, expliqua un employé de la préfecture, d’un goûter au temps de la Révolution où il avait été décidé de mettre le feu au château ! » Le feu au château ? La Catherine y avait pensé quand les héritiers du Monsieur la jetèrent dehors en la faisant passer par la souillarde ! La peur du bagne lui souffla les allumettes.

    Pas besoin d’allumettes pour enfumer les frelons. Elle savait les choisir et les frotter comme il fallait dans le sens du poil. Eux, ils se frottaient à l’eau de Cologne, se frisaient les moustaches, c’était à celui qui en faisait le plus pour mettre en avant son aisance financière et son savoir-vivre. A la tombée de la nuit, quand tous les chats sont gris, c’était l’heure des jeunots, chatouillés par les chatouilles du printemps. Elle les cajolait, ces maladroits, mieux que les ventripotents qui dégoulinaient de billets de banque et de sent-bon bon marché.

    Son temps, comme celui de la Marilys, passa. Les petits messieurs devinrent chauves et commencèrent à traîner des pieds ; les maquignons, handicapés par leur obésité, jambes enflées et ventre mou, s’en allèrent du cœur ; les jeunots se marièrent. La Catherine finit par se frotter de plus en plus souvent le nez avec le poudrier, devant la glace : elle ne voyait sur son visage que les marques des baisers de la vieillesse. Alors elle remballa tout le monde. « J’ai de la peine mais je vais fermer. »

    C’était le temps des oies maigres, long cou et grandes ailes, qui s’en vont, alignées en pointe, en klaxonnant : « Quand les grues s’en vont vers le sud, l’hiver est dessus ! » Pour la Catherine, l’hiver ne s’annonçait pas encore mais bien la basse saison.

    Un automne fait malgré tout de feuilles dorées, de vendanges mûres et de miel de bruyère.

    Le samedi du marché, elle s’en allait vendre quelque volaille et se payait deux ou trois coques qu’elle mangeait au bistrot. Il ne manquait pas d’amateurs pour lui proposer un verre. « Je peux me le payer, je n’ai besoin de personne. » Un jour, le proverbe d’un parisien lui parvint à l’oreille : « Toute fille de joie en séchant devient prude. » Il lui resta fiché au coeur. Médisants ! Elle s’adressa au bistrotier :                                            

    • Porte-moi un autre verre va, ces garces de coques m’ont bu tout le vin !

    Un buveur invétéré, pour faire de l’esprit, lui demanda si elle attendait « le galant » ? La Catherine ne manquait pas de répartie :

    • J’en ai plus d’un de galants, pauvre idiot, mais tu n’en feras jamais partie, tu as la tête plus vide que les poches, et ce n’est pas peu dire !

    Un grand éclat de rire lui donna raison. Le bistrotier lui conseilla de se faire donner par le boulanger des coques plus consistantes.

    • Comme ça, elles ne vous pomperont pas le vin et vous le boirez sans elles.

    • Tu as peut-être raison.

    Le samedi suivant, comme la Catherine boudait, le bistrotier s’approcha.

    • Vous mâchez à contrecœur, on dirait, elles ne sont pas bonnes les coques ?

    • Ma fois si, mais elles sont trop sèches pour les avaler sans jus ! J’ai failli m’en ébrécher une dent. Porte-moi la chopine, sans ça je te les donne au chien !

    Les autres, pour lui tenir compagnie, trinquèrent avec elle. Les coques ne pompaient plus mais la Catherine buvait. A force, elle en perdit ses esprits. Il y eut cependant quelque soûlard pour l’accompagner, cahin-caha, jusqu’au boulanger qui la ramena chez elle en faisant la tournée.

    • Eh alors ! la Catherine, lui disait-on partout où elle se rendait, qu’est-ce qu’il vous est arrivé au marché, les coques ne voulaient pas passer, il paraît ?

    Cette histoire, elle ne la digéra pas. Elle était honteuse et susceptible plus qu’on ne croyait. Ni le bistrotier, ni les buveurs ne la revirent. Elle s’ensauvageait._

    II

    Elle avait un voisin, le Jantet, qui était veuf depuis longtemps. La Catherine avait tenu compagnie à sa femme quand elle était tombée malade – et il s’en souvenait le brave homme ! – Les mauvaises langues disaient qu’à lui aussi elle avait dû lui tenir quelque peu compagnie, mais il est plus élégant de se taire. De la voir dans cet état, ça lui faisait mal. Le jour de carnaval, il lui porta des beignets.

    • Nous sommes tous les deux seuls, c’est bête de ne plus se voir que pour les pèle-porc et les enterrements. Tu aimes les coques, moi aussi, et je les apprécie beaucoup mieux avec un bon vin.

    Il détroussa une bouteille de vin bouché, enveloppée dans un journal.

    • Celui-là, il va nous accompagner comme il faut les beignets, il ne vient pas du bistrotier. Je l’ai depuis que je travaillais à Bordeaux aux traverses de chemin de fer.

    Jantet avait maintenant les cheveux blancs mais il était resté athlétique : les traverses du chemin de fer y étaient pour quelque chose. Et à la Catherine, le vin de Bordeaux lui fit autant de bien, sinon plus, que l’eau de Lourdes.

    Ils prirent l’habitude de se voir. Elle faisait les coques et lui vidait sa cave, peu à peu. Les coques, imbibées de Bordeaux ou de Jurançon, auraient guéri un estomac rongé par les ulcères ! Les poulets, les lapins, les pigeons, au lieu d’aller au marché, s’en allaient vers le four. Le soir, ils racontaient leurs petites histoires au coin du feu.

    Les gens se mirent à en raconter aussi, des histoires. Quand la lune clignait de l’œil, il y avait toujours quelque oisif qui virevoltait autour du Brespè pour observer ce qu’il s’y passait. « Il ne va quand même pas se coller avec la Catherine, le Jantet ! » Un soir, on entendit un tintamarre d’enfer : casseroles et chaudrons, poêles et marmites frappés à coup de maillet par une clique de sauvages ! Ça se passait devant le Brespè où la Catherine et le Jantet étaient en train de faire – sans s’en faire – ce qu’ils avaient à faire.

    • Çà, c’est Baptiste de L’Escloupè ! s’écria Jantet .

    La Catherine lui en avait toujours préféré quelque autre, au Baptiste, alors il avait pris les devants pour faire un charivari aux nouveaux amoureux.

    Jantet saisit son fusil, deux cartouches de sel et il s’approcha par derrière des frappeurs de casseroles. Il attendit le moment où le Baptiste avait l’arrière-train bien tourné vers lui pour lui en administrer une salière où il fallait.

    L’autre se mit à crier comme s’il avait été coupé en deux par un obus de la guerre de 14 ! Et il commanda, vite fait, la retraite. Non sans menacer Jantet de lui envoyer les gendarmes.

    Les gendarmes ne bougèrent pas. Ce fut le curé qui s’en mêla. La Catherine le vit arriver de loin : elle n’aimait pas trop les soutanes.

    • Nous avons des visites, dit-elle à Jantet.

    • Les gendarmes ?

    • Non, le curé !

    • Vous ne pouvez pas continuer comme ça, commença à sermonner l’homme d’église. Les gens blaguent à qui mieux mieux, les enfants de chœur font des messes basses autour de l’autel et le petit-fils de Baptiste raconte des bêtises au catéchisme !

    • Et Baptiste, s’étrangla Jantet, qu’est-ce qu’il raconte, lui ? Ne le prenez pas dans votre chorale, monsieur le curé, envoyez-le plutôt faire danser les sauvages à travers l’Afrique !

    • Tu lui as quand même tiré un coup de fusil !

    • Une cartouche de sel, quelle affaire ! De quoi se faire masser sous les draps par la Léontine !

    • A votre âge quand même, provoquer ces esclandres, faire courir tous ces bruits !

    • Laissez-les courir, monsieur le curé, ils s’arrêteront tout seuls ! On va se marier, tenez ! Comme ça, tout sera dit.

    • Avec la Catherine ? s’estomaqua le curé.

    • Eh bien ! Si vous ne voulez pas le faire vous, le maire le fera, je n’ai pas peur de ça.

    Il avait dit ça sans y penser, rien que pour faire bisquer le curé. De mariage avec la Catherine, il n’en avait jamais été question.

    • Ne parlez pas comme ça. L’Eglise a toujours accueilli les brebis égarées, vous le savez.

    • Egarées, égarées… il y en a de plus égarées que les nôtres, monsieur le curé !

    • De mieux tondues sans doute mais de plus poilues aussi.

    • Nous en reparlerons. Mais la Catherine ne dit rien ?

    La Catherine était aussi égarée que les brebis du curé. Elle ne se voyait pas au pied du confessionnal avec un tombereau de péchés à décharger. Un tombereau rehaussé de ridelles ! Prie-dieu et pénitences, orémus en latin, elle avait tout oublié : le Monsieur de la Hitte était franc-maçon et il lui avait fait un autre catéchisme. « Toutes ces histoires, lui disait-il, ce sont des fables pour les niais ! » Le maire, ça allait, ses péchés il les connaissait par cœur : il l’avait aidée à en faire, alors… Et la robe, quelle robe se mettre ? Il avait fait fort le Jantet ! Pourquoi, au lieu du curé, ce n’était pas les gendarmes qui étaient venus ! Ҫa, c’était encore un mauvais tour de l’Escloupè !

    Jantet se rattrapa.

    – Ca va être le moment de parler. La retraite des chemins de fer me tombe du ciel tous les mois, comme si c’était le bon dieu qui me l’envoyait – excusez-moi, monsieur le curé. – Je veux l’en faire profiter, la Catherine. Elle n’a fait que rendre service à tout le monde, maintenant on la met plus bas que terre. Notre plus grand péché, ce sont les coques et le Jurançon. Si vous nous mariez, nous vous inviterons monsieur le curé, ce sera avec plaisir, sinon nous irons trouver le maire. Et avec les conseillers, les tape-casseroles et les gendarmes, nous ferons un grand banquet !

    Le curé s’en trouva sans voix. Et la Catherine le cœur retourné. L’homme d’église réfléchissait.

    • Il faudra regarder tout ça de près. La Catherine n’a jamais été mariée… toi tu es veuf. Je viendrai demain matin après la messe et, pour la peine, vous me ferez goûter les coques avec le café. Le Jurançon, ce sera pour une autre fois. En attendant, veillez d’être comme il se doit !

    Bien entendu ! Comme toujours, monsieur le curé.

    Sitôt qu’il fut parti, Jantet se frotta les mains.

    • Tu as vu comme je l’ai retourné, notre curé ? Il nous mariera, je te le dis. Et ils en seront abasourdis, tous ces apôtres, les tape-casseroles les premiers !

    • Et moi, je n’en suis pas abasourdie, peut-être ? Tu ne m’en avais jamais parlé de cette affaire !

    • J’y ai toujours pensé, tu le sais.

    Le fou-rire la saisit et elle saisit son mari dans ses bras.

    Lou Siroû

    (1) Lou brespè peut signifier en béarnais le goûter ou le guêpier de même que brèspe peut signifier après-midi ou guêpe.

  • LETTRE IBG n°50 / BEARNAIS OU OCCITAN?

    https://fr.calameo.com/read/00332577321dfbe18c021

    CLIQUER SUR L’IMAGE A LA UNE OU SUR LE LIEN POUR ACCEDER A LA LECTURE VIA CALAMEO

     

     

     

     

     

  • LOU MOUYNE E LOUS ARNEGUETS

    Cliquer sur l’article pour l’agrandir