Institut Béarnais et Gascon

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  • « Vilhèra », incompétence ou mensonge ?

    L’affichage d’un panneau « Vilhèra » à l’entrée de l’agglomération de Billère près de Pau a suscité quelques remous : tandis que la municipalité y voit une affirmation de la langue historique du Béarn dans son authenticité retrouvée, beaucoup de Béarnais rejettent cette orthographe comme contraire à l’écriture traditionnelle de leur langue ancestrale.

    S’il n’est pas en mon pouvoir d’apaiser les passions de ceux qui font de ces questions des dogmes quasi religieux, je voudrais donner à ceux qui sont capables d’écoute des éléments de réflexion aussi objectifs que possible.

    Une “bible” trompeuse

    La “bible” des partisans de « Vilhèra » est le Dictionnaire toponymique des communes du Béarn de M. Michel Grosclaude († 2002), publié en 1991 et réédité en 2006, que je citerai ici d’après l’édition que j’ai achetée en 1991. Mais ce n’est qu’une œuvre parmi d’autres, sans aucun caractère officiel, et qui n’est pas toujours « rigoureusement scientifique » comme l’auteur écrit qu’il l’aurait voulue (p. 9) ; nous le verrons bien vite.

    En effet, après avoir écrit en 1985 « Je me sens plus historien que linguiste », il ressort de l’Introduction que pour ce qui est de l’« Orthographe restituée » qu’il allait proposer pour chaque commune, il ne serait ni l’un ni l’autre ; on y lit en effet (les gras sont de moi) :

    p. 20 : « Un des objectifs qui a motivé ce travail était de proposer une orthographe béarnaise correcte des toponymes béarnais. »

    et p. 30 : « Ce que nous appelons “orthographe béarnaise correcte”, c’est ce que certains ont appelé “orthographe classique”, d’autres “orthographe normalisée”, d’autres encore “orthographe de l’Institut [d’]Etudes Occitanes”, […]. »

    Comme en bon français « restituer » c’est « remettre à sa place primitive, dans son état premier ou normal » (Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française), l’expression « orthographe restituée » est donc une tromperie de militant. Le Dictionnnaire équivalent que M. Groslaude signera en 2001 pour les Hautes-Pyrénées sera honnête, lui (peut-être sous la pression des élus de ce département), il proposera franchement l’« Orthographe occitane » du nom de chaque commune.

    Un “historien” peu fiable

    Néanmoins, M. Grosclaude va créer l’illusion en partant des « dénominations historiques » du nom de Billère ; mais ce n’est pas lui qui les a recueillies, il les a empruntées pour la plupart au Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées publié en 1863 par Paul Raymond, l’Archiviste du département. Les voici, face à face :

    En creusant un peu, on voit vite les faiblesses du prétendu “historien”. Il commence bien, en transférant sur Bilhères d’Ossau la première mention donnée par P. Raymond, et même si elle n’est pas assez sure pour qu’on la retienne, j’ai pu vérifier chez Marca (1640) qu’elle concerne bien notre Billère près de Pau. Puis M. Grosclaude reproduit le Vilhere relevé par P. Raymond dans le recensement de 1385, sans s’être soucié de l’édition complète du manuscrit de ce recensement (ou Dénombrement) publiée par P. Raymond en 1873 : là, ayant sans doute pris plus de temps, P. Raymond a noté 4 Bilhere, mais aucun Vilhere. Le Bilhere suivant est noté comme de 1457, dans le Cartulaire d’Ossau ; un cartulaire, c’est un recueil d’actes juridiques intéressant une institution, ici la Vallée d’Ossau ; en fait il y en a deux, dits A et B, qui ont été publiés en 1970 par un vrai historien, le Pr. Pierre Tucoo-Chala ; ce Bilhere de 1457 y est bien, p. 300, mais au total, j’ai dénombré 49 Bilhere et 7 Vilhere dans des actes datés du 13 juillet 1435 au 22 septembre 1481 ; M. Grosclaude ne l’a pas fait. Je n’ai pu vérifier Vilhera situé dans la collection manuscrite dite « Réformation de Béarn », non éditée ; je n’ai cependant aucune raison d’en douter. Enfin, je puis ajouter Bilhera présent dans un acte des Notaires de Pau de 1562 (E 1997 f° 178), publié par Amédée Cauhapé dans Païs gascons n° 223 de septembre 2004, donc après le décès de M. Grosclaude.

    Ce qu’aurait dû faire un véritable historien

    Partons d’une récapitulation des dénominations anciennes relevées sur 177 ans :

    En négligeant l’accent grave qui n’existait pas jadis, toutes ces attestations ont en commun les 5 lettres centrales, ilher, différant de la graphie officielle illèr ; 54 ont B à l’initiale, comme l’officielle, 8 seulement V ; et pour la finale, 60 ont e, comme l’officielle, deux seulement a et ce sont les plus récentes.

    La forme ancienne, de loin la plus attestée, est donc Bilhère.

    Conclusion

    En choisissant le V- et le -a, tous deux largement minoritaires, M. Grosclaude n’a donc en rien « restitué » l’orthographe ancienne de la langue du pays, il a fait œuvre de militant occitaniste, un point, c’est tout.

    Le suivre les yeux fermés, c’est faire preuve d’incompétence.

    Et le suivre consciemment en disant qu’on sauve le patrimone béarnais, c’est mentir.

    Aux élus et à la population de Billère d’en tirer les conséquences.

    Jean Lafitte
  • Sur les ligures.. (par Alexis Arette)

    Dans son article sur les Ligures, (Le CEP, N° 26), Monsieur Taffanel cite l’opinion de M. R.M. Grattefossé, qui certes, possède un nom prédestiné pour un archéologue, mais qui, en soutenant que « la mémoire des peuples est sans limite ! », contredit son propre effort pour tenter de sauver de l’oubli ce qui doit l’être.

    Et que viendrait faire la « Révélation » si notre mémoire était restée fidèle ?

    En faisant de Mnémosyne la Mère des Muses, les Grecs avaient établi que la Mémoire engendre toute connaissance. Mais justement, si les hommes sont tellement ignorants de leur passé, c’est bien que la mémoire leur fait défaut ! Et toutes les discussions, les controverses et les conflits, dans les divers domaines de la recherche, viennent de ce que nous ne savons plus ! Et que ce soit en grattant de vieux tessons gravés, ou en sondant le secret des atomes, nous essayons de retrouver ce que nous avons oublié, tellement heureux de découvrir des semblants de cohérence, que nous prenons nos hypothèses pour des certitudes ! Tout le scientisme est né de cela. Et la plus ridicule de ces prétentions, n’est-elle pas aujourd’hui de vouloir situer ici ou là, l’origine de l’espèce humaine, alors qu’au temps de la création, ni le « ici » ni le « là », ne ressemblaient à ce qu’ils sont aujourd’hui ! Il faut ajouter que ces théories qui se contredisent, n’ont absolument aucun intérêt. Mais par contre, découvrir comment nous en sommes arrivés à n’être que ce que nous sommes, savoir quelles étapes ont jalonné notre déchéance, et aussi l’espérance de nous reconquérir, voila qui donne son sens à notre existence, et tend à nous accomplir.

    Fidèle à l’Esprit du CES concernant l’in-errance de l’Ancien Testament,

    Monsieur Taffanel situe les Ligures, (Premier peuple, selon l’historien Julliant, à avoir défriché nos terres occidentales, )dans la tradition des peuples Japhétiques. Il se base sur la similitude du nom d’Elysha, petit-fils de Japhet, avec celui des Ligures Elisyces , dont la présence est attestée en Provence, à l ‘époque proto-historique La thèse est fragile mais plausible, encore qu ‘Elysha soit un nom Phénicien. Ce qui l ‘est moins c’est de constater que les « Elisyces », ne sont qu’un tribu Ligure, puisqu’en même temps les Ligures « Dragani » (carte de Schulten.) occupent les rives Atlantiques d’Aquitaine et d’Espagne, d’ou ils gagneront le Portugal, repoussés par les Celtes et les Romains.

    Ainsi, puisqu’il est d’autres Ligures que les Elisyces, ceux qui fonderont la « Ligurie » Italienne, les Ligures Baébiani, les Ligures Cornéliani, et probablement les Venètes, que nous trouverons à la fois en Italie et en Bretagne, et les Lusici (dont les Sorabes prendront abusivement le nom), l’hypothèse des Ligures fils d’Elysha perd de sa valeur sur le plan générique. Par contre des Ligures qui se seraient mélangés à des « Elisyces », constitueraient une hypothèse acceptable.

    Remarquons que nos Ligures sont nommées diversement, soit « Lygiens » , « Lusces », «Luti » , « Lui » etc . Mais il ne fait aucun doute qu’ils tirent leur nom du dieu de lumière, « Lug » , et de sa parèdre, « Luze », ou Lusine », qui donnera, d’une part, la « Lucia » Latine, et, d’autre part, la fameuse « Mélusine » (Mère –Lusine) de la mythologie Française, qui deviendra « serpente » quand le Christianisme « diabolisera » les dieux païens, de même que les petits génies fils de Lug , deviendront les Lutins.

    ***********

    L’expansion des peuples Ligures semble considérable. La Loire, avec son ancien nom, Ligéria, en porte la marque, ainsi que la Leyre en Aquitaine, et L’Eyre qui deviendra l ‘Irlande.On considère comme Ligures, entre autres, les villes de Laon (Aisne), Laudun, (Gard), et Loudun (Vienne.) Mais jusqu’à l’extrême sud de l’Espagne, la cité de Lygustiné, témoigne de leur présence. Le prestige de Lug sera tel, que les Celtes l’adopteront dans leur panthéon, comme le prouve le Lug-Dunum qui deviendra Lyon, et cet autre qui deviendra St Bertrand de Comminges. Mais les recouvrements ethniques ne laissent subsister que de rares aires ou des particularités linguistiques, et des types physiques rappelleront l’ancien peuplement. Ce sera le cas dans la Ligurie Italienne, dans le Vannetais breton, peuplé de petits bruns, qui tranchent avec les grands celtes roux, en Aquitaine également, ou déjà César remarquait un type physique différent du reste de la Gaule, et enfin au Portugal, dont l’ancien nom, La Lusitanie, ne laisse aucun doute sur le peuplement originel.

    Comme le « Dew » Indo-Européén, dont nous ferons Dieu, signifie « le ciel lumineux », ou « Le jour », Il est certain que le dieu Lug, est symbolique de Lumière, et d’ailleurs la racine du terme s’est conservé dans nos langues d’O dans le vocable de l’Astre , soit « Lugra » en Gascon, et « Lugar » en languedocien .Cette racine se retrouvera dans le nom même de la lumière, Lutz, ou Luz, appliqué à des lieux tardivement christianisés, soit, dans les Pyrénées , Luz-St –Sauveur, ou St Jean – de – Luz . Dans cette langue, le ciel étoilé se dit : « La Lugrère », et scintiller se dit « Lugréya ».De même,certaines rivières évoquent le reflet du ciel : Lou Lu, L’uzan, lou Luzouè…

    D’ailleurs, dans l’aire des langues dites « Romanes », il est deux modalités qui existent conjointement pour les termes essentiels de « Père et Mère ». Ce sont les termes latins « Pater et Mater », d’ou dérivent Père , Mère, Padré, Madré, et deux autres qui ont été transportés par le Ligure, soit ceux de « Pay, et May », dont on voit clairement la filiation depuis le Scythique « Papaïos » et la « Maya » Indo-Européenne.

    A partir de ces deux modalités on peut mesurer en quoi diffère la langue Française des dialectes de langue d’O. C’est que dans ceux-ci les termes Ligures se trouvent en concurrence avec les termes Latins.

    Par exemple, il n’existe en Français aucun mot dérivé directement de « Mère ». (Sauf peut-être le mot Méristème, mais c’est fort douteux !) Tous ceux qui ont trait à la fonction sont directement dérivés du latin Mater: Maternel, Maternité, Materné, Matrice,Matrimonial, Matrilinéaire, etc. Mais dans les langues d ‘O , près de 40 termes sont dérivés de l’usuel « May » ! On peut même dire que toute la vie socio-économique fut basée sur la notion de « May ».Cela va de la Matrone : « Mayroulère », à l’enfant : (textuellement : Né de la mère !) « Maynad ».De la maison : « Maysoû », au cheptel petit ou grand « Mayram ». De l’action d’assembler : « A-Mayra »,jusqu à l ‘aîné de la famille : « Mayrouquè ». Par ailleurs, dans les langues d’O, le mois de Mai, consacré à la mère, se prononce « May » comme se prononce le nom de la mère.

    ***

    Il est une notation de M. Taffanel qui me paraît fort intéressante en ce qu’elle recoupe mes propres études. Ce serait l’expansion des Ligures dans la Péloponèse : Il se trouve en effet que cent toponymes du Péloponère et de l’Egée, restés à ce jour sans signification, se retrouvent identiques depuis le golfe de Gascogne, jusqu’aux Pyrénées centrales, avec un large incursion dans la Navarre hispanique. C’est –à dire en des lieux que les Celtes n’ont pas recouverts ; Ce sont les fameux noms en « Os » : Abydos, Siros, Budos, Argélos, Garos, etc etc. Des générations de Bascophiles se sont ridiculisés en voulant à tout prix faire entrer ces mots dans la toponymie Euskarienne, alors que l’actuel Pays dit Basque en est absolument dépourvu ! Nous aurions donc, en Gascogne comme dans le Péloponèse et l »Egée, les vestiges d’une langue, pré-hellénique la-bas, et ici ,pré-Romane , qu’il serait intéressant de comparer avec l’Etrusque, et surtout, avec ce qu’il reste de la langue des « divins Pélasges » qui occupaient l’Argolide, avant que n’y vinssent les présumés Ligures de M. Taffanel.

    Que l’on me permette une digression

    Si l’histoire n’a pas retenu l’invasion du Péloponèse par les Ligures de M. Taffanel, peut-être portaient-ils, à l’époque, un autre nom ? Il se trouve que la légende Grecque mentionne , avant la guerre de Troie, l’invasion de l’Argolide par les Danadéens venant d’Afrique. Voici réduite à l’essentiel, leur généalogie :

    De la vierge Io, sous forme d’une génisse, et de Dzeus, nait Epaphos (Traduction Grecque de « Hapis » ou Apis, adoré sous forme de taureau.)

    Epaphos épouse Menphis, et engendre Lybie.

    De Lybie naissent Egyptos, Danaos, et Bélos.

    Ce sont les 50 filles de Danaos qui, passées en Argolide, épouseront les Pélasges du Péloponèse. Longtemps, on confondra les mêmes peuples sous le vocable de « Grecs » ou de « Dananéens »

    Il est certain que Egyptos, est le géniteur Eponyme des Egyptiens.

    Il peut être soutenu que Belos, sous le nom de Bel, ou de Bal, sera divinisé par d’autres peuples. De sorte que si Monsieur Tiffanel est quelque peu téméraire en assimilant le nom du dolmen de « Balzabé » dans le Languedoc, avec le « Baal-Zébub » des Ougarites, il est tout de même certain que la légende montre le cousinage de « Bel » avec les peuples qui ont pu être nommés Ligures, Elycises ou Dananéens ..Comment en serait-il autrement, puisque, la première victime humaine va se nommer Abel

    Voyons les choses de plus près.

    Bal, ou Baal, ou Bel, ou El, sont à l’origine le même mot : Dieu. Ce qui en dérive est une adjectivisation soit topique soit fonctionelle : Baalbeck (Plaine de Baal), Bélial,(personnification du mal), Belphégor, (Dieu de Moab). Balaam, (Serviteur de Dieu).Quantité de noms, de Bellérophon, à Zorobabel porteront le phonème qui ne devient péjoratif que dans les cas d’idolâtrie.

    Il est possible par ailleurs que le terme ancien « Bel », devenu « beau » en français, et « Bèt » en Langue d’O, restitue la qualité primordiale du Dieu : C’était un Dieu guérisseur , et un Dieu de résurrection, avant qu’il ne devienne le féroce dévoreur d’enfants qui l’apparente à Moloch.

    Mais à l’origine, tous les Bel et les Baal, procèdent de l’Ael primitif : Le Dieu unique de la Genèse.

    En effet, il suffit d’ouvrir une Bible Hébraïque, pour savoir que nos traductions sont fautives . Il n’est pas question d « Elohim », mais bien d’Aelohim »Pourquoi cette liberté prise par les traducteurs avec le texte ? Mystère ! N’était-il pas pourtant logique que le principe Créateur, commença par la première lettre de l’Alephbeth ? Et la représentation de l’« l’Aleph » ne montre-t-elle pas, à première vue, comme les trois éléments spirés de la Trinité créatrice ?

    On sait que les voyelles ont tendance a devenir « interphoniques », c’est à dire que leurs sonorités n’ont pas la même valeur, et finissent suivant les peuples, à être utilisées différemment. Certains locuteurs ont prononcé Aël, Al, et d’autres El, cela donnera, suivant les cas le Elyon des Juifs, et le Allah des Arabes.

    Mais pourquoi Bal,pour Al, et pourquoi Bel pour El ?

    Il s’agit d’un simple phénomène d’articulation qui va nous conduire loin. L’article désignatif que nous connaissons comme « Le « « Là » « Les », s’exprimait primitivement dans les langues Sémitiques, par le B’. Ainsi : El= Dieu, et B’El = Le Dieu.

    Or, parmi les peuples que l’on croyait « Aryens », il en est un qui emploie la même consonne articulaire que les sémites. Ce sont les Grecs Doriens !Ainsi, par exemple, selon le savant Abbé Espagnolle, le mot Grec « Eroïa »

    : Jolie, se traduit en Dorien par « B’éroïa », que nous retrouverons identique en Gascogne. (Béroye). De même, la vallée Béarnaise dont le chef-lieu est le village d’Arette, ne se dit pas « Vallée d’Arette », mais, suivant une très antique prononciation, « Vallée de Baretous ».

    Les « Doriens », auraient-ils été un peuple que M. Tiffanel nomme « Ligure », et que j’ai rapproché des « Dananéens » venant du Sud ? Et bien, il en existe une stupéfiante preuve Biblique, qui va plus loin que nos hypothèses.

    En effet lors de la révolte des Maccabées, un siècle et demi avant Jésus-Christ, le Grand-Prêtre Jonathan écrivit au roi de Sparte(Capitale du Pays Dorien) pour lui proposer alliance , en vertu de documents antiques que le roi des Doriens Aréios, avait envoyé au précédent grand-Prêtre Onias, faisant état de la parenté des deux peuples. Voici le texte :

    « Aréïos, Roi des Spartiates, à Onias, Grand-Prêtre, Salut !

    Il a été trouvé dans un écrit au sujet des Spartiates et des Juifs, qu’ils sont frères, et qu’ils sont de la race d’Abraham. Maintenant que nous savons cela, vous ferez bien de nous écrire au sujet de votre prospérité : Quand à nous, nous vous écrivons : « Vos troupeaux et vos biens sont à nous, et les nôtres sont à vous. En conséquence, nous ordonnons qu’on vous apporte un message en ce sens.

    (Macc. Livre I, XII-20.)

    Cela pourrait assez bien expliquer l’introduction des particularités sémitiques, parmi des nations jugées Indo-Européennes. Or, l’histoire classique, fait venir du nord les Doriens, maîtres de Sparte . Mais contrairement à cela, les Doriens avaient présenté leur invasion comme « Le retour des Héraclites » !C’est à dire qu’ils auraient constitué les compagnons d’Hercule, lors de ses 12 travaux, et seraient ensuite retournés chez eux. (N’oublions pas qu’il y eut plusieurs Hercules, dont un Egyptien et un autre Syrien.)

    Sans donc même faire appel au « Baalzébub » Ougaritique ou Philistin, il est certain que le phonème divin, Bal, ou Bel, à pénétré anciennement la société Indo-Européenne. L’a-t-elle reçue des Dananéens, ?des Doriens ? des Elisyses ? Une chose est certaine : C’est que le Nom sera porté aussi par les dieux majeurs du Panthéon Celte : Bélus, et Bellissima !

    Constatons d’ailleurs sans pouvoir en dire plus, que d’autres noms divins prouvent les rapports entre le Moyen –Orient et l’Occident, depuis la plus haute antiquité. Il peut paraître surprenant par exemple, de trouver partout en Extrême Occident les traces du Panthéon Sumérien avec les divinités féminines dérivées du grand Dieu AN (ou Anu) =le ciel,Nanna, Innana et Anat, avec les Britanniques Anna ,Dana, ou Anis, Une vague d’invasion en Irlande est nommée les « Thuata de Danan », soit les enfants de la déesse Dana. On montre encore dans les Cornouailles, deux collines jumelles nommées : Les tétons de la déesse Danu. Et ce n’est pas par hasard si, se fondant sur une phonétique favorable, le Christianisme a fait de la Bretagne ou était honorée Danu, la terre de St Anne ..De même, primitivement, Notre-Dame du Puy s’est appelée :Notre-Dame d’Anys. Et la tradition veut que lorsque les républicains brûlèrent la statue en 1793, il s’en échappa un parchemin écrit en lettres « Isiaques ». Cela encore nous met sur la piste orientale.

    J’ajoute que curieusement, le seul Dieu Germano- Scandinave qui échappera au « Ragnarock », porte encore le phonème divin puisqu’il s’agit de Balder, et que son épouse se nomme Nanna, ce qui est un des noms de la fille-épouse du Dieu Sumérien AN.

    Je ne ferais qu’une réserve, sur l’assimilation que fait M. Taffanel, entre Balzabé, et le Dieu des mouches Baal-Zéboul », car il fonde sa thèse sur le fait qu’il existerait, auprès du Balzabé, un ruisseau dit « de mousque d’aso ».(Mouche d’Âne). Or, notre auteur précise, avec raison, que cette mouche n’est autre que le Taon, et il note d’ailleurs la ressemblance, au moins de la plus grosse des variétés, avec la Cigale . Or, les Taons sont très abondants et très virulents au bord de certaines eaux encaissées, ou se concentre la chaleur solaire.

    Mais ces taons, qui piquent très cruellement, n’ont certainement rien à voir avec les mouches du Dieu Baal. En effet, n’oublions pas, qu’au moins dans sa dégénérescence ultime, Baal était un dieu féroce exigeant de nombreux sacrifices humains. Et c’est sur les charniers qui en résultaient que tourbillonnaient les essaims de mouches carnassières, attirées par l’odeur du sang, et désireuses de pondre au plus vite sur les cadavres. Les taons n’appartiennent pas du tout à cette catégorie. ****

    Je relève une remarque plus intéressante de M. Taffanel :Il relève en effet sur les lieux étudiés, un changement du rituel funéraire. : A partir d’une certaine époque, on n’enterre plus les morts en position foetale, on les brûle. Un pareil changement n’est pas le fruit d’une évolution, mais d’une rencontre : Celle avec un autre peuple, avec qui, si on ne l’extermine pas, on finira par s’accommoder, en échangeant coutumes et rituels.

    Or, il est bien connu, qu’outre le conflit légendaire entre les Ligures et les Héraclites dans la plaine de la Crau, le Languedoc subira les invasions Ibères et Celtes. Or les Celtes, comme les Grecs, brûlent leurs morts, et recueillent les cendres dans des urnes. Il est donc tout à fait plausible que les Ligures, à partir d’une certaine époque, empruntent aux Celtes cette coutume, tandis que les Celtes, ajoutaient le dieu Ligure, Lug, au dieux de leur Panthéon..

    Au sujet du nom des Ligures, on peut le tenir pour éponyme de leur Dieu, mais on peut également penser aux dieux « Lieurs » Mésopotamiens. On peut le constater, ils sont généralement représentés avec un écheveau de fil entre les mains. C’est ainsi qu’ils lient les destinées de hommes, et l’écheveau des Parques procèdera d’un Symbolisme tout à fait semblable.

    Ce symbole est au centre même de la religion, puisque le terme vient du « religaré » Latin. La religion est vraiment ce qui relie l’homme à Dieu. Or, lier, en langue d’O, se dit « Liga ». Ligure, pourrait donc signifier « Ceux qui sont liés », (Sous-entendu : à Dieu.) Ce qui est tout a fait dans l’esprit de peuples antiques qui s’affirmaient tous de haute origine. Ainsi « Aryens » signifiait : fils de la droiture.Et dans la « Bible Cananéénne », il est fait mention de la guerre de Baal contre les « Elim » c’est à dire les fils du dieu El.

    Bien sur, le chercheur peut-être abusé par des similitudes et des coïncidences. Il ne faut pas pour autant cesser de mettre en accord la foi et l’intelligence, car le fossé de l’un à l’autre terme, c’est seulement celui de notre ignorance..

    Alexis Arette
  • Pierre de Sabres

    De las tarrìbles campagnes d’Afrique, lou Pierre que-s en abè pourtat û brassat de sàres e tabé, permou de la gran calou, si-m pénsi, û tarrìbl? sequè de ganurre, de manière qu’abè toustém sét. En aqueth téms lou bî n’ère pas qu’a dus sos lou pintou, més, dap la soûe pensioû de brigadiè, que-n abè tout yùste. Tabé, quoan estén usats touts lous bielhs unifòrmes qui-s en abè miat, que-n ana coum û bagamoun, més nou-n abè nade bergougne. Que disè qu’en Afrique lous Arabes rìches que-n anaben encoère méy espelhandrats que nou-n ère. La soue so, ûe bielhote pròpi coum û so nau, que-n ère escandalisade, més per tan qui-u ne digoùss?, lou fray nou-s en dabe pas. « Que-n èy tout yùsteta bìbe! Si-u hasè. D’oun bos que tìri lous dinès ta la pelhe, au prèts qui éy ? »

    Bèt cop, nou sèy quin, qu’ous arriba û « retour ». Lou noutàri que hé sabé à la so, qui ère l’aynade, qu’ous s’escadè û milè de liures sus l’aretance d’û cousî. Que las s’anè coèlh?.
    – Escoute, si digou en balha la soûe part au fray, que-m bas ha lou plasé de-t ana croumpa quoàt? camises, û costume, e caussa-t ! Que-m hès hàsti coum aco !
    – Que tio, maynade, qu’at harèy puch que-t hè plasé.

    Be pensat ço qui arriba ? Quoàt? dies après, la so qu’ou rencountrè méy pipaut que yaméy.

    – B’ès lou trìst? animau ! Si-u hé. Be-m abès toutu proumetut…
    – Escoute, nou-t fàch?s pas, qu’èy hèyt ûe counsulte.
    – Quin, ûe counsulte ? Que cantes, aquiu ?
    – Quio, ûe counsulte. Qu’èy demandat au mé cap : as besougn d’û berrét nau ? Nou-m a pas respounut. Aus més pès : e boulet esclops ? N’an pas tournat arré. E lous bras, las cames e lou cos, qu’éy estat pariè. Ta que boulès qu’ous fourcèssi ? Més quoan èy demandat à la bouque si abè sét… Ah ! labets, moun amic !

    Poupebinat

    ESPLICS :


    Û brassat de sàbr?s : une brassée, ici il faut lire une collection de sabres
    De manière qu’abè toustém sét : à tel point qu’il avait toujours soif
    Que-n ana coum û bagamoun : il alla comme un vagabond
    Nou-n abè nade bergougne : il n’en avait aucune honte
    Que-n anaben encoère méy espelhandrats que nou-n ère : ils allaient encore plus dépenaillés
    qu’il ne l’était.
    Que-n ère escandalisade : en était offusquée
    Més per tan qui-u ne digoùss? : elle avait beau lui dire
    Lou fray nou-s en dabe pas : le frère n’en tenait pas compte
    Si-u hasè : disait-il
    Bèt cop, nou sèy quin, qu’ous arriba û retour : un beau jour, je ne sais quand, leur arriva un héritage
    Qu’ous s’escadè û milè de liures : leur revenait 1000 francs
    Aretance : héritage
    Que las s’anè coèlh? : elle alla les chercher
    Que-m hès hasti : tu me dégoûtes
    Que tio = que qui o : que oui
    Be pensat ço qui arriba : vous pensez bien ce qui arriva
    Méy pipaut que yaméy : plus sale que jamais
    Qu’éy hèyt ûe counsulte : j’ai fait une consultation
    Quio : et oui
    Ta que boulès qu’ous fourcèssi ? : pourquoi voulais-tu que je les forces ?

  • La nèu

    « A la clarou dou rèbe » J. Joantauzy

    La nèu que cad, lusénte e fine
    P’ous cams, p’ous boscs, la balentine
    Nou dèche arré desaprigat
    A cade flou sa capuline,
    Au pic d’Aussau sa pelerine
    E cade pau qu’a soun pigat.

    Aprigat qu’a las arroudades
    E lous sendès. Capbat las prades
    Nou bedin pas méy qu’û linçòu
    Las pràub?s lèbes ahamiades
    Qu’auran à ha granes tournades
    Dinqu’aus casaus, per s’ou tucòu.

    La toure, coum la bielhe arranque,
    Sus lous terrès que regue e chanque
    Coum qui ba càd?, diserén.
    Ta-s apausa, pas ûe branque.
    Pergut déns l’estenude blanque,
    L’ausèt que-n ba, d’û bol doulén.

    Arrés noû bédin sus la bie.
    Lous téyts que humen tout lou die
    Per la carrère e lou hamèu.
    Au cor dou hoéc cadû qu’espie
    Puya lou hum qui-s en emmie
    Quoànt?s de rèbes, quoan y a nèu !

    ESPLICS :


    Lusénte : brillante
    P’ous cams : à travers les champs
    Balentine : diminutif affectueux de vaillante
    Las arroudades : les traces des roues
    Linçòu : linceul
    Per s’ou tucòu : par-dessus le côteau
    Toure : buse
    Arranque : boiteuse
    Regue e changue : rase et vacille/titube
    Diserén : dirait-on
    Doulén : dollent
    Qui-s en emmie : qui emporte avec elle

  • Mancane (veillée)

    « A la clarou dou rèbe » J. Joantauzy

    Lou hoéc qu’ardè, balén, countre la cauhe-panse.
    L’eslame que sourtibe aus hourats dous estrucs,
    E, d’û coustat à l’aut, que courrèbe la danse.
    A la porte, à mouméns, lou bén que dabe trucs.

    Lous besîs, arribats per lous camîs de nèu,
    Qu’èren dab lous de case autour de la platine,
    Debat lou gran mantèt de la biélh? cousine.
    Lous plumalhous, curious, regaben au carrèu ;

    Qu’ère l’ore dous loups, dous brouchs e de las hades,
    E, ta mièlh? esbarya lous nèns esmiraglats,
    Au houns de la cousine, endab lous eslamats,
    Que courrèn sus lous murs oùmbres desfigurades.

    Qu’ardè : brûlait
    Cauhe-panse : plaque verticale en fonte
    Esterucs : grosse bûche (souche noueuse)
    Platine : plaque du sol en fer (plus rarement en fonte)
    Regaben : effleuraient
    Esmiraglats : éblouis
    Eslamats : flambées

  • Desaguis de câs

    « Les excréments solides et liquides des chiens et autres animaux » atau qu’apèren lous preséns qui dèchen lous câs au moùnd? de la bile e de las campagnes. Qu’éy defendut aus câs de decha mustres dou lou passàdy?, ce dìsin soubén lous màyr?s, e l’àut? die la de Pau. Més lous câs ne sàbin pas léy?, pénsi. Permou, susmetuts coum soun, qu’anerén aus petits endréts publics, coum hèn tout lou moùnd?… ou quàsi touts, permou que, si lous àrb?s e poudèn parla, que-p countarén quin hèn serbìci aus câs, e quauquecop tabé aus òmis qui s’an à esloucha la bouhigue. Û d’aquéts malurous que-s ère dechat gaha en aquéres per û pouliciè de bile sus la Haute Plante.

    – Qu’éy ço qui hèt aquiu ?

    – E dounc ? tè, que pìchi you !

    – Ne sabét pas qu’éy defendut ?

    – You qu’at sèy, ya, més pas la mie bouhigue.

    L’òmi d’oùrdi qu’at dechè coum aco, permou qu’ét tabé e-s abè à boeyta, més en û endrét reglementàri. Lou téms de y arriba – més qu’ère prou loégn – qu’esté lou soû pantelou qui recebou l’arrous ! Be bedét que n’éy pas toustém coumòd? de ha respecta la léy e que counéchi plâ de municipalitats qui se-n bédin toustém hère dap lous câs sus aquét sudyèc.

    Toutu quàuqu’arré que-m tesique. À Pau, que parlen de câs « et autres animaux », de quins animaus e parlen ? Arrés n’at sap, lhèu dous moutoûs ? Be dìsin soubén que cau « decha picha lou merinos » ! Per aco, soùnqu? au téms de la sòude1, ne-n y a pas goàyr? per las carrères. E, s’éy lou cas, ne countét pas sus lous aulhès enta amassa ço qui lous moutoûs e dèchen coum soubeni dou lou passàdy?. Toutû, que deberén ha coum éy oubligat entaus câs. Qu’at sabét si-n abét û. Que cau amassa beroy la cause en ûe pouchote hèyte esprès e yeta-le en û endrét mercat entad aco. Qu’éy la léy, e si nou la seguit pas, que calera paga ûe aménde. Nou-p demanden pas d’ana boucha lou cu dou bôste câ.

    Més, lous « autes animaus », e serén au ménch las baques ? À part las qui soun pintrades sus lou drapèu biarnés, ne-n bedét pas hères per las carrères. E, se-n y abè, que caleré au baquè ûe bère saque enta y ha càb? lous pastèts esglachats.

    Que-n debét abé hartère de léy? causes sus aquét sudyèc, més hicat-pe à la place dous màyr?s qui sìnnen oùrdis, qui miassen, e qui bédin tout die aquéres garnitures, e qui enténin lou moùnd? esmalits, permou qu’éy toustém lou câ dous autes lou coupàbl?.

    Û pouliciè, qui gaytabe tout die, que credou de-n abé troubat û. Que souè à la porte d’ûe hémne qui-s troubè susprése d’esta encusade.

    – « Qu’éy lou bòste câ, que l’èy bis ! »

    – « Més, quin pensat que pouderé esta ét, ce digou en amucha lou soû petit cagnoutot « caniche » ? E credét que dous soûs petits budèts que pot sourti û estrounc d’aquét talh ? »

    Que y a û patou qui se-n déu arrìd? encoère, d’aquére hèyte…

    1 sòude n.f. ouverture du pâturage aux animaux, transhumance (cf. bedat).

  • Cambiaméns

    Amic Yantot,

    Perdoùne-m de-t abé dechat chéns noubèles despuch bèth téms a. Que bos, à la retrèyte, qu’èy méy de coéntes que nou-n abi abans. N’éy pas mau, per aco, de tribalhouteya, istoère de goarda lou drin de hourtalesse qui-m demoure. Eslasat sus ûe cadière loungue à l’endoste dou tilhulè, qu’escouti e qu’espìi lou téms : Lou sou n’éy pas trop hissén, més lou bén d’auta, per esta màgr?, que seque la tèrre bareytade de frésc. A l’entour de you, ne béy pas que nubles proubassudes ; en guignan de plâ, héns aquéres brumes, que y a û tractur qui-s y passéye debath…pràub? paysâ qui-s y harte de proube ! Dou téms dous boéus, que calè aténd? e decha picha la griaulhe. Qu’at èy dit au besî : « Ayes paciénce, aquéste bentoulet ne-s mourira pas de sét. Atén dounc û eschalagas, ta ha càd? la proube. » E qu’éy ço qui éy aparit. Behide lhèu que durera trop !!!
    Tout que cambie. S’as quauqu’arré de destimbourlat per case, pas mouyén de trouba û mestierau. Toustém que proumét?n, yaméy n’arriben ! Héns la cousine la hémne qu’éy isagne, la prése de la luts qu’a petat, que déu bira lou moulî de cafè à la mâ. E ha biéne qui ?
    Déns lou téms, û sìmpl? plagnet au factur ou au boulanyè, lou lendoumâ, û d’aquéths òmis qui sabè ha de tout chéns abé yaméy après, que-s troubabe aqui ta ha ço qui calè. De méy, qu’ère malî ! Qu’arribabe soubén p’ou tour de mieydie, la daune à qui abè hèyt lou serbici, que-s debè au ménch de l’embita à béb? û cop. Aco qu’ère la soutade. Se la daune ère drin làry?, que hicabe ûe oye ou chéys oéus héns la biace. L’òmi qu’ère countén, tan de gagnat ! E de méy que sabè oun ana ha bresperoû….
    E créd?s, Yantot, se oéy e gausaben aufri lou medich pagamén, que-s en y debiseré p’ou parsâ ! Que bau miélhe pas y pensa ! E toutû, labets, touts qu’arribaben à bìb? coum poudèn. E tout lou moùnd? que-y troubabe lou soû coùnt?. Que créy qu’èrem méy bìst? serbits àut?s cops. Tout lou moùnd? qu’abè besougn de tribalha…

    Qu’a cambiat ! E ba dura ?

    Amic Yantot, hè beroy, sies toustém hardit.

    Lauréns
  • La noéyt

    Quoan et serê pause sus la campagne,
    Soun capuchoû de séde y de belours,
    Quoan deu gran bosc, l’escu abance e gagne,
    Amaran tout, ahitau e maysoûs,
    Et die n’éy pas méy, era noéyt pas engoère,
    Dous aulhès et lugrâ au soum deu cèu s’eslhèbe,
    Gouyats cantét méy bach, l’ausèt s’éy anidat,
    Et die s’en ba que hoéy, arré nou deu troubla
    La noéyt

    2

    Quoan l’angèlus au campana desglare,
    Soun chapelét, de fé, de pats, d’amou.
    Quoan deu troupèt, s’alole l’esquirade,
    Y qu’alentour arroéyte et blanc pastou.
    Qu’éy l’ore oun et desi, méy fidèu que mestrésse
    En co de l’amourous bayle de sa carésse.
    L’ore qu’éy de douceya, gouyats cantét méy bach
    Terèse de soun saunéy, nou la desbelhét pas
    Qu’éy noéyt.

  • Lous adius de Corisande

    Diane d’Andounch, Duchésse de Gramoun, biscoumtésse de Loubignè, qu’ère badude à Hayetmau en 1554. Maridade à Philippe de Gramoun, Coumté de Guiche en 1567, qu’ère aperade « La bère Corisande », permou d’esta bère hémne e tabé de las méy coutibades dou sou téms. Que seré debiengude en 1573 la mestrésse dou Réy de Nabarre, badut éth, en 1553. Que dìsin qu’abou grane influénce sus lou réy, e que l’aprengou las bounes manières. De reliyoû catolique, que debou tabé abia-u de cap à la coumpousicioû, e que lhebè mème troupes enta l’ayuda. La recounechénce d’Enric qu’ère tan grane, qu’après la batsarre de Coutras, gagnade per Enric en 1587, éth medich qu’ou biengou pourta lous bint e dus drapèus gahats à l’enemic. Diane e Enric que-s serén desseparats en 1591. Més que pòdin dìs? qu’éy ére qui prepara lou réy de Nabarre à tién? lou sou réng de Réy de France. Que-s mouri en 1620. La sène dous adius bién segu qu’éy imayinade de toute pèce, més que-s situe sus ço qui pòdin deduìs? d’aquéth loung amourous ligàmi.

    La sène que-s passe au sou-couc, héns lou parc dou castèth de Corisande oun Enric l’a biengude trouba :

    …Lou die que-s en ba… Dou sourélh nou demouren
    Que quàuqu?s arrays s’ous terrès…
    Qu’éy l’ore oun las tourterèles s’apouren,
    Héns las arrames dous laurès…

    Que-m sémble qu’as en tu drin de melancounie…
    Pourtan anoéyt, quin pouderés abé degrèu,
    Quoan tout aci éy pats e armounie ?

    Que pénsi, s’ès aciu, que bas parti ballèu…

    Qu’at as toustém sabut que la bire auruguère
    Nou-m dechèr? brigue lou choès,
    Enta-m ha réy, e réy de guèrre,
    Que-m a tirat d’enter lous pastous e lous boès…

    Ne-m pàrl?s pas de las pastoures…

    Corisande !
    Nou-m bas pas arcasta peguésses de yoentut !
    Si adès cops, drin de houlie s’en demande,
    À tu soule qu’at saps, que-m en souy remetut !
    Qu’éy héns las toûes mâs qui pouch pausa la cargue
    E Diu sap lou hèch s’éy pesan !
    D’esta réy, toustém countestat, toustém en targue,
    E de nou poudé esta dap tu, soùnqu’en passan…

    Més e créds dounc qu’enta la coumtésse de Guiche,
    Que sì? aysit d’assoubaca lou huganaut,
    Quoan lou Pàp?, lou réy, la glèyse, tout m’enguiche,
    À-u tretta pìr? qu’û manaut.

    Tu qui-m counéch, que saps plâ qu’éy boune credénci :
    E qu’éy la fé, d’aquéths qui soun bràb?s e francs !
    La forme ? qu’éy soubén aha de circounsténci,
    Lous òmis ne soun pas tout négr?s ni tout blancs !
    Que-m créy de reliyoû pregoune,
    Mème si-m esbarréchi p’ous estréms !
    Que crèy que la bite qu’éy boune,
    E bìb? plâ, qu’éy de ha lou bé tout lou téms…
    Si n’èri pas d’aquére traque,
    Que sèy que ne m’aberés pas aymat…
    Qu’éy aquéth qui tiéns à l’estaque…
    Més puch que-m béds deban tu desarmat,
    Perqué dounc as aus oélhs coum û crum de tristésse ?

    Permou qu’éy û prehoc, qui nou-m pot pas menti…
    Que-t èy arrecaptat dap la mie tendrésse,
    Adare, qu’éy de you qui-t ba calé parti…

    Més que dits ? Ne coumpréni pas Corisande !
    Ne souy yaméy partit chéns espèr de tourna !

    Enric lou mé beroy ! Lou téms que nse coumande,
    E que sèy dap degrèu tout ço qui-m ba pana !

    Qu’éy ço qui-t paneré d’oun n’aberi pas rèyte,
    Si-t pèrdi, qu’en seré de you ?
    Quoan te béy, qu’éy toustém au co mediche estrèyte
    Permou qu’éy tu qui-m da la force e la gauyou…

    Que ns’en bam touts lous dus decap la quaranténe
    Qu’abèm bint ans, quoan m’abrassès p’ou purmè cop,
    Brigue nou-m pesè la cadéne,
    Qu’auri tout supourtat, chéns trouba qu’ère trop !
    Més lou téms nou prén pas la mediche palhère,
    Enta nse mesura,
    L’òmi de quarante ans qu’éy à l’estiu encoère,
    Mile tesics qu’ou hèn dura !
    La hémne à quarante ans qu’a deya la premude,
    De l’abor qui seguéch l’estiu,
    E l’òmi, se l’arrecoutéch per abitude,
    Be-n éy tentat de miralha-s en gn’àut? briu !

    ? Corisande, s’estéy tentat per la coutilhe,
    Si quàuqu? ninarole û moumén m’arresta,
    Espie drin quin esté crude la courrilhe,
    Ta nou pas trop de pecats m’arcasta !
    Enta que lous Francés accèpten Enric Quoàt?
    Trop soubén loégn de tu, que m’an cercat catras,
    Més quoan gagnèy la bole à force de coumbàt?,
    Que-t èy hèyt û palhat dous drapèus de Coutras !
    Ta tu soule que hèy yuncade,
    D’aquéths bint e dus oriflous,
    Darrigats aus Francés héns la crude yournade
    Oun perin tan de couradyous !

    Enric, qu’éy aquéth sé qui souy estade rèyne,
    N’èri pas méy Diane d’Andounch ou de Gramoun,
    Qu’abi au co l’alaude e la coudi-coudèyne,
    Lou pinsâ, l’ausèth blu sus lou cèu de la houn !
    N’abi brigue besougn de parèlhe auherénte,
    Ta t’ayma coum t’aymèy,
    E qu’at saps, au malur tabé qu’èri counsénte !
    Que-t poudi da de méy,
    Més s’aberi pourtat leuyère la couroune,
    Que sèy n’éy pas hèyte enta you.

    Més you que t’èy besougn per esta bère e boune
    Permou qu’èy rèyte de l’auyou
    Qui bién tabé de qu’ès la counselhère sày? !

    Qu’éy à la France Enric, qui bas déb? pensa !
    Adare aquéth tesic que-t déu esta lou mày?
    E lous àut?s plasés qu’ous te cau acassa !

    Més que-m hès mau ! e chéns que-m at merìti brigue !

    You tabé que-m hèy mau en te parla coum hèy !

    Arrenouncia-ns touts dus ? Més e y pénses amigue ?

    You, ta-t delibera lou co qu’ou claberèy !

    E dìs? que la serade aci qu’ère tan douce !

    Tan douce de segu que-n plourerèy doumâ !
    Més au casau tabé, la flou de l’amarousse,
    Qu’a l’aram agradiu més qu’a lou goust ama !
    Enric, que-m trouberés doumâ lhèu lède e biélhe,
    Qu’aymeri que de you que-t poudousses bremba
    Coum abans que l’abor nou destàqu? la hoélhe,
    D’û darré sé d’estiu oun poudoùssem reba…
    Més û réy, que déu soùnqu? bìb? enta la taque,
    D’assoubaca lou pùpl? en bèth lou garanti !
    Que-s déu claba lou co ta bìb? chéns estaque,
    E si déu espousa n’éy pas ta-s deberti…
    Qu’éy tau bé de l’Estat û prìnc? qui-s maride,
    Qu’éy per debé ! E n’éy pas tout cop dap gauyou !
    E si t’éy du, û matrimòni chéns ahide,
    Que preguerèy ta tu !… Tu, pénse drin à you…

    Si n’a pas lous toûs oélhs, que-m balera la France ?

    Taus òmis à serbi, que bau méy que nou n’èm !

    Més si nou-t béy pas méy qu’éy trop paga d’abance !

    Més qu’èm baduts Enric, ta ha ço qui debém !

    Més chéns amou, que bau lou téms qui bire e bare ?

    Nou-m sepàri de tu qu’enta t’ayma drin méy !

    Qu’auré miélh? balut esta-m Réy de Nabarre
    Ta-m poudé demoura près de tu à yaméy…

    Entau réy dous Francés, ûe estéle immourtèle
    Que-s lhebera, qu’at sèy, s’ou noùst? crèbe-co !

    Més you nou béy boula méy nade tourterèle

    Que calè que l’amou qu’anèss? dinqu’aco !
    Qu’ère arré de-t balha dap la mie fourtune,
    Ço qui-t hasè besougn ta-t ana batalha,
    Qu’ère chic de ploura, puch qu’éy la léy coumune,
    Chéns nou sabé quin sort t’anabe acatralha !
    Més o lou mé beroy, loégn de la mie tèrre,
    Si-t màndi de parti, d’oun tan me cap-birès,
    Qu’éy permou de t’ayma de loégn, drin méy encoère !

    Més d’are-enla, be-n seran négr?s lous laurès !

    (À Moumas, lou 22 de Mars 2009)